Les Carnets de Bonnie Colin

La salle d’attente / de mon cƓur

Des silhouettes d’hommes, de femmes, dressĂ©s et entreprenants ou dĂ©faillants et couchĂ©s. Ils s’observent, se cherchent, se frĂŽlent, se caressent, se repoussent, s’élancent, s’effondrent. Posture d’offrande dans la joie innocente de l’enfance retrouvĂ©e, ou corps Ă  l’affĂ»t, dans l’enchaĂźnement Ă  une ronde de plaisirs. En tĂ©moins, le sombre d’une silhouette d’animal, le vert d’ondulations vĂ©gĂ©tales, frissonnement de feuillages.

Dans le dĂ©pliĂ© des carnets, un rĂ©cit surgit des multiples rencontres et nous entraĂźne Ă  leur suite, joyeuse au premier regard. Ne sommes-nous pas devant une fĂȘte et ses rĂ©jouissances avec conciliabules Ă  l’oreille, baisers et enlacements amoureux ? Sans doute mais tout Ă  coup il y a une empoignade, un pied levĂ© pour faire trĂ©bucher, le mouvement du chasseur vers le chassĂ©, la brutalitĂ© d’une Ă©treinte barbare. Dans le dĂ©pliĂ© du carnet, une histoire se raconte avec ses « Ă©pisodes », variations autour de la traque de ces « personnages » Ă  la nuditĂ© anonyme, gardienne de leur Ă©nigme – Jouissance et/ ou prĂ©dation –quĂȘte obsĂ©dante d’un possible dialogue.

SĂ»retĂ© du trait au crayon, de la touche de gouache ou du lavĂ© d’aquarelle, des tonalitĂ©s claires comme une glaçure de douceur, des transparences pour des corps qui se traversent tels des fantĂŽmes : Tout se conjugue et questionne. Je tire le signal des larmes /Cri dans la nuit Ă©crit Bonnie Colin dans le carnet 7, solitaire qui double la peinture d’une frise de mots : Tu prends un dĂ©tour de magie / Disparition / La salle d’attente de / Mon cƓur


D’un carnet Ă  l’autre, l’enquĂȘte sur le dĂ©sir continue, se resserrant autour de son sujet, dans l’attente du dĂ©voilement

Un captivant voyage au cƓur de l’intimitĂ© du peintre et de la nĂŽtre.

Cypris KophidĂšs